Un arc-en-ciel peu connu : Melanotaenia australis
Les poissons arc-en-ciel sont présents depuis longtemps en aquarium. Mais ils restent pourtant peu connus des amateurs…
Dès que l’on évoque ces poissons, on pense systématiquement à deux espèces en particulier : Melanotaenia boesemani et Melanotaenia praecox. Pourtant, ce genre héberge plus de 70 membres ! Outre les deux évoqués précédemment, on peut aussi mentionner M. herbertaxelrodi, M. splendida ou encore M. lacustris qui apparaissent sporadiquement dans le hobby. Il existe une autre espèce aperçue de plus en plus régulièrement, même si elle reste discrète : Melanotaenia australis (quelquefois confondue avec M. trifasciata).
Après plusieurs années de maintenance et de reproduction en aquarium, nous vous donnons quelques informations sur ce poisson arc-en-ciel qui mériterait d’être un peu plus présent dans les bacs des amateurs.
Présentation rapide
Ce Melanotaenia est originaire du nord-ouest de l’Australie où il est particulièrement abondant. Il fait partie de la famille des Melanotaenidés, dont les membres sont donc connus sous le nom commun de poissons arc-en-ciel (Chilaterina, Melanotaenia spp.), mais aussi « yeux bleus » (Iriatherina, etc.). Cette famille ne se rencontre qu’en Australie et dans l’archipel Indo-guinéen. Il s’agit de poissons appartenant à l’ordre des Atheriniformes, donc reliés aux célèbres athérines qui comprennent de nombreuses espèces marines, et notamment présentes sur nos côtes (par exemple, Atherina presbyter, dans l’océan Atlantique et la Méditerranée) !
Prévoir un peu de place…
Melanotaenia australis mesure une bonne dizaine de centimètres. Le mâle est plus coloré, notamment avec ses nageoires impaires bien rouges et plus développées que chez sa compagne. La femelle présente également des lignes horizontales plus atténuées dans la partie ventrale. Mais la taille n’est pas le seul critère à prendre en compte : c’est un poisson particulièrement actif, qui passe son temps à nager en pleine eau. Il a donc besoin de beaucoup d’espace.
Nous déconseillons une maintenance dans un volume inférieur à au moins 200 litres bruts (100 cm de façade). Plus l’aquarium est grand… plus ce poisson arc-en-ciel en profite pour nager ! Principalement dans la zone supérieure et la zone intermédiaire. Mais celui-ci n’hésite pas à explorer le fond s’il y trouve de quoi manger.
Il n’est pas très exigent quand aux paramètres de l’eau. On peut tout à fait l’héberger dans la fourchette des valeurs suivantes : pH 6,0-7,5 ; dureté totale 5-15 °GH ; température 22-28 °C. Par contre, nous avons remarqué qu’il apprécie une eau neuve et propre, d’autant qu’il pollue beaucoup. Il est donc important de procéder à des changements d’eau réguliers. Par exemple, au moins 10 à 20% du volume par semaine. Une filtration puissante s’avère aussi nécessaire, bien sûr.
Un poisson arc-en-ciel sympathique, mais…
Comme tous les Melanotaenia spp., celui-ci est très pacifique. Il ne s’attaque absolument pas aux autres poissons, même les plus petits. On peut le conserver par exemple avec des Oryzias woworae qui ne mesurent que quelques centimètres à peine.
Par contre, M. australis a un appétit d’ogre ! Et il est véloce… Nous avons ainsi vu qu’il était capable d’engloutir quasiment toute la quantité de nourriture donnée, avant même que les autres poissons n’aient eu le temps de s’alimenter. Cela oblige souvent à nourrir beaucoup. Cela implique donc de bien surveiller les taux de nitrates et de phosphates et, comme dit précédemment, de changer l’eau du bac très régulièrement. C’est une condition essentielle à la bonne maintenance de l’australis.
Concernant l’alimentation, c’est un omnivore à tendance végétarienne. Il accepte toutes les nourritures du commerce : flocons, granulés, mais aussi congelé (artémias, vers de vase, etc.). Il est essentiel de lui fournir une base végétale régulière (par exemple, flocons en haute teneur en spiruline). Sans cela, il s’attaque alors aux plantes. On peut même le voir se régaler de feuilles de Vallisneria ! À partir du moment où il reçoit régulièrement « sa dose » de végétaux, il a tendance à ignorer les plantes aquatiques.
Reproduction facile
Melanotaenia australis fraie quasiment tous les jours. Nous recommandons d’ailleurs d’avoir un nombre au moins égal de mâles et de femelles. Et si c’est possible, mieux vaut même avoir bien plus de femelles. En effet, dans le cas inverse, il n’est pas rare de voir plusieurs mâles s’accoupler en même temps à une seule partenaire. À tel point que celle-ci peut mourir d’épuisement au bout de quelques semaines. Donc, pour éviter cela, prévoyez toujours au moins 1 à 2 femelles pour 1 mâle. S’agissant d’ovipares qui ne s’occupent pas de leur ponte, il faut donc prévoir un aquarium spécifique de reproduction. Par contre, il ne s’agit pas de grands mangeurs d’œufs et il est facile de retrouver de petits australis nageant dans les plantes de surface d’un aquarium d’ensemble. À partir du moment, bien sûr, où il n’y a pas de prédateurs spécialisés en leur compagnie.
Les œufs semi-adhésifs se collent souvent entre eux, à cause de leur filament qui les rattache aux plantes. Selon la température, l’éclosion survient environ après 10 jours. On doit nourrir initialement les petits alevins avec une fine poudre micronisée à base de spiruline. Il existe plusieurs marques dans le commerce aquariophile qui proposent cette alimentation spéciale pour alevins ovipares. Ensuite, une fois suffisamment grands, on peut passer aux nauplies d’artémia ainsi qu’aux flocons finement pulvérisés.
Il faut environ 6 mois pour obtenir une génération capable de se reproduire à son tour.
Ces poissons arc-en-ciel vivent en moyenne 4 à 5 ans. À partir du moment où on leur fournit de l’espace et qu’on change régulièrement leur eau, ils sont très robustes et l’on peut ainsi les conserver sur plusieurs générations. Un groupe d’une quinzaine de Melanotaenia australis dans un aquarium de 300 litres est un superbe spectacle, dont on aurait tort de se priver.
Aquariophilement vôtre !
Pour en savoir plus sur les Melanotaenia spp. :
Et les nourritures à base végétale :