Tanganika Magazyn n° 26 : Analyse par Wolfgang Staeck
Analyse du Tanganika Magazyn n° 26 par Wolfgang Staeck
Magazine n°26 « Benthochromis Tricoti et ses congénères. » écrit par Magnus Karlsson et Mikael Karlsson (avril 2020).
Contient une description de projets de recherches et une brève histoire d’African Diving, en incluant des observations sur le terrain et les efforts de collecte.
Format A4, 460 g, 124 pages, 380 photos, ISSN-1897-97-50
14€ + frais de port. Magazine que vous pouvez retrouver sur notre boutique en ligne.
Le 26ème numéro de la revue Tanganika Magazyn, publiée deux fois par an à Cracovie (Pologne), se concentre sur le genre cichlidé Benthochromis, endémique du lac Tanganyika. Le périodique a été fondé en 2007 par Marta et Robert Mierzescy et est toujours publié par eux. Il est dans le monde entier le seul magazine d’aquarium contenant exclusivement des articles sur le lac Tanganyika (qui se trouve en Afrique de l’Est) et sa faune aquatique. Au cours des 13 années d’existence, la revue est devenue un une référence en conseils non seulement pour les amateurs de cichlidés, mais aussi pour les scientifiques intéressés par la faune piscicole du lac, en raison du niveau élevé de son contenu et de la qualité des photos publiées.
Les auteurs de la 26ème édition du périodique sont les frères Magnus et Mikael Karlsson, originaires de Suède. Tous deux ont vécu en Tanzanie pendant 25 ans. De 1987 à 2003, ils ont collecté des cichlidés pour leur société d’exportation African Diving située sur la côte Est centrale du lac Tanganyika à Kabwe et Udachi. Plus tard, entre 2007 et 2012, ils ont fait plusieurs expéditions, dont certaines ont duré plusieurs mois. L’objectif de ces expéditions était d’étudier les cichlidés vivants sur la côte Est du lac, de les répertorier, de documenter tous les poissons par des photos sous-marines et de déterminer leur répartition géographique exacte.
L’article dans Tanganika Magazyn ne se concentre pas seulement sur les trois espèces formellement décrites de Benthochromis, mais aussi sur une douzaine d’autres formes de Benthochromis. Le texte présente l’histoire de leurs découvertes, des sites de collectes, de leur distribution, les raisons de leur délimitation, les sujets étudiés avec une description détaillée. Le tout complété par de nombreuses photos en aquariums et photos sous-marines exceptionnelles. Ce travail préliminaire aboutit finalement à la proposition d’un hypothétique arbre généalogique qui reflète la phylogénie des formes de Benthochromis remarquées par les deux auteurs (p. 103f).
Cependant, l’article n’est pas seulement une monographie sur le genre Benthochromis, comme le titre le suggère. Ce numéro est une des publications récentes les plus importantes sur la faune piscicole du lac Tanganyika. Le texte commence par un aperçu informatif et soigneusement étudié des projets de recherche historiques, dont les résultats ont considérablement élargi les connaissances sur les cichlidés du lac Tanganyika. Ce chapitre comprend également une appréciation détaillée des importantes études pionnières scientifiques limnologiques, écologiques, éthologiques et taxonomiques injustement négligées qui ont été menées par des ichtyologues japonais au lac Tanganyika depuis la fin des années 1970.
L’un des faits primordiaux particulièrement intéressant de l’article dans Tanganika Magazyn est la description détaillée et la documentation minutieuse de plusieurs expéditions de recherche, au cours desquelles les auteurs ont, non seulement découvert de nombreuses variantes géographiques jusque-là inconnues de cichlidés, mais aussi de nouvelles espèces, dont trois ont été officiellement décrites à ce jour. Les résultats de ces études, pour la plupart publiées pour la première fois dans ce texte, sont une précieuse contribution aux connaissances sur les divers cichlidés du lac Tanganyika.
D’importantes nouvelles découvertes scientifiquement significatives sont également contenues dans le 12e chapitre de ce texte, résumant les informations actuellement disponibles sur les espèces et les genres des eaux profondes du lac. Une lecture particulièrement excitante pour moi a été la description détaillée (précédant ce chapitre) de la préparation du projet de collecte de cichlidés en eau profonde à une profondeur de 140 mètres et de les transférer vivants et indemnes dans les aquariums. Bien qu’affecté par plusieurs revers, le plan a finalement été réalisé avec succès.
Jusqu’à présent, le phénomène de polychromatisme des spécimens de formes jaunes et noirs tachetés ou d’orange monochrome est principalement documenté à partir des lacs Malawi et Victoria. C’est pourquoi la première documentation détaillée de l’existence d’un tel polychromatisme dans plusieurs genres de cichlidés du lac Tanganyika n’a pas seulement un intérêt scientifique, mais a aussi un intérêt aquariophile. En Tanzanie de telles morphes de couleurs, documentées dans l’article à travers plusieurs photos, sont appelés Kushangaza (Swahili – surprenant).
Dans le dernier chapitre (n° 15), les deux auteurs décrivent de manière vivante et avec de nombreux détails intéressants les expériences personnelles qu’ils ont vécues en tant que collecteurs et exportateurs de cichlidés du lac Tanganyika durant un quart de siècle sur ce lac. Pendant ce temps, les défis permanents, les revers répétés, les obstacles bureaucratiques, les changements causés par les progrès techniques ainsi que les nouvelles approches et plans ont eu un effet durable sur leurs vies. Ces descriptions donnent au lecteur une appréciation complète des conditions préalables requises pour un engagement réussi dans ces activités, avec par exemple un seuil de frustration extraordinairement élevé.
Vingt-cinq pages du magazine sont des planches comprenant entre deux et huit photos. Cette illustration riche contribue de manière significative à la qualité de la publication, parce que les images expliquent non seulement beaucoup de descriptions et de déclarations dans le texte, mais documentent également de nouvelles conclusions. Beaucoup d’illustrations inédites documentent pour la première fois l’apparition de ces cichlidés, que les deux auteurs ont découvert lors de leurs expéditions.
Dans des contextes différents, les auteurs examinent de façon critique les thèses et les théories qu’Ad Konings a avancées dans ses publications. Il s’agit notamment des critères qu’il utilisait pour définir les espèces distinctes, sa synonymisation de plusieurs appellations d’espèces, sa désignation provisoire de cichlidés non décrits et sa distinction désuète de la sous-espèce. Les arguments des deux auteurs offrent au lecteur libre court à leurs pensées. Cela s’applique également à la discussion sur l’importance sous-estimée des caractéristiques éthologiques et écologiques pour la délimitation et la distinction des formes allopatriques phénotypiquement similaires des cichlidés du lac Tanganyika.
Un tableau de six pages contenant 256 espèces nominales et sous-espèces de cichlidés du lac Tanganyika est extrêmement utile pour fournir des informations plus détaillées, comme le nom d’origine, auteur, année de publication et les références suivantes pertinentes sont mentionnées pour chacun d’eux. Il en va de même pour la bibliographie exceptionnellement étendue de onze pages, qui est une collection complète d’informations puisqu’elle répertorie 563 livres, articles et pages Web. Enfin, un trésor d’études écologiques et éthologiques largement inconnues et leurs résultats est la compilation d’une centaine d’essais à l’Annexe 5, qui ont été publiés en anglais par des scientifiques japonais.
Je recommande très fortement le 26e numéro de Tanganika Magazyn, non seulement aux aquariophiles intéressés par les cichlidés du lac Tanganyika, mais aussi aux ichthyologues, car le magazine est une publication importante sur ces cichlidés et fournit de nombreuses sources précieuses d’informations sur la faune piscicole diversifiée du Lac.
Wolfgang Staeck
Publication autorisée par accord avec Tanganika Magazyn – traduction réalisée par Aquanews.fr.
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